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Vie d’Élisabeth Bergeron

Son influence contemporaine
En préparant cet entretien, je me suis posée deux questions. La première : «Comment Élisabeth Bergeron nous rejoint encore aujourd’hui?» Et la seconde : «Comment cette humble femme peut-elle influencer nos vies?» Sans prétention aucune, je pense que je peux donner des éléments de réponses.

Une femme simple
Chez Élisabeth tout est simple en commençant par sa naissance en milieu rural, son habillement sans recherche, son instruction plus que sommaire, son travail partagé entre la maison et les travaux des champs.  Lors de son séjour aux États-Unis, même simplicité de vie. Comme fondatrice de communauté, elle demeure encore fidèle à elle-même: humble et simple. Elle n’a rien à prouver et ne cherche jamais à se faire valoir. C’est pour Dieu qu’elle agit et c’est lui qu’elle reconnaît dans les personnes qui l’entourent.

En ces temps où le luxe, le confort, la sur-consommation sont à l’honneur, Élisabeth nous invite à la simplicité de vie, c’est-à-dire à une vie marquée par l’authenticité et l’honnêteté. À une vie désencombrée du superflu, libérée des faux besoins et des accumulations inutiles (au cas où…) À une vie de simplicité en somme qui conduit à la liberté et qui se manifeste par une grande sérénité.

Retenons que la simplicité de vie, c’est avant tout la vie telle qu’elle est et non la vie telle que rêvée. Cette simplicité nous donnera la capacité de composer avec ce que la vie nous réserve de beau et de bon.

Une femme humble
Élisabeth possédait une humilité vraie, non pas une humilité malsaine et destructrice. Cette humilité lui venait de sa foi profonde, de la conviction de se savoir là où Dieu la voulait. L’humilité d’Élisabeth la rendait lucide sur elle-même. Consciente de ses limites, elle sait demander conseil et reconnaître ses faiblesses. Si elle blesse l’une ou l’autre de ses compagnes, elle s’en excuse aussitôt. Jamais elle ne s’est prévalue de son titre de fondatrice. Elle disait : « Je ne suis rien mais le Seigneur a bien voulu se servir de moi. Il ne faut pas le décevoir. Je ne suis qu’un simple instrument entre ses mains ».

Nous pourrions ajouter que son humilité tenait de l’héroïsme. Comme s’il n’avait pas été suffisant pour Élisabeth de passer sa vie à l’ombre de Mgr Moreau, de porter le poids de son ignorance et de son état de santé précaire, elle accueille, sans perdre sa paix, les moqueries des gens de l’extérieur, les insultes et même les calomnies.

Dix jours avant sa mort, elle prouve une fois de plus sa grande humilité. L’évêque du temps, décide de déplacer l’aumônier de la Maison mère. À cette occasion, ce dernier adresse de vifs reproches à la communauté. C’est alors qu’Élisabeth pose un geste qui, à cause de son grand âge, elle avait 84 ans, le rend encore plus admirable. À la surprise de l’assemblée, elle s’agenouille et demande pardon à l’aumônier au nom de la communauté pour la peine que les sœurs ont pu lui causer. Ce geste montre bien comment jusqu’à la fin, elle se considérait responsable de sa communauté dans le bien comme dans le mal.

À l’ambition démesurée qui semble être la loi dans tous les domaines aujourd’hui, Élisabeth vient dire : «Ce qui est faible dans le monde, voilà ce que Dieu choisit pour bâtir son Royaume».

Une femme capable d’humour
Cette vertu a toujours caractérisé Élisabeth. Un jour, une infirmière lui demande : «Qu’avez-vous fait pour attraper ce vilain rhume?» Elle lui répond : «Je l’ai reçu gratuitement». Élisabeth éprouvait souvent des troubles de santé. Elle qui avait pourtant été refusée dans plusieurs communautés pour justement des raisons de santé, soutenait que l’on peut très bien vivre en communauté même avec une santé fragile.

Un jour, une religieuse lui annonce son intention de quitter la communauté parce que trop faible de santé. La fondatrice lui répond à brûle-pourpoint : «Sachez, ma sœur, que les pots fêlés, on s’en sert avec précaution». Cette religieuse, par la suite, est allée fonder une mission des sœurs de Saint-Joseph en Afrique et elle est morte à 86 ans.

Au 50e anniversaire de la fondation, il est question des places réservées à la table des invités de marque. Une sœur lui dit : «Qu’allez-vous faire à cette table d’honneur, parmi les dignitaires?» «Comme les autres, dit-elle, manger». Quel à-propos! Aussi, elle nous invite à ne pas nous prendre trop au sérieux, et surtout à mettre un brin d’humour dans notre assiette quotidienne : ça dédramatise, ça rafraîchit, ça détend et surtout ça donne bon goût.…

Une femme audacieuse
Oui, audacieuse Élisabeth qui planifie tout pour hâter le jour de sa première communion. Audacieuse Élisabeth qui accepte de fonder une communauté enseignante alors qu’elle ne pouvait signer son nom parce qu’elle ne savait pas l’écrire. Audacieuse Élisabeth qui, à 14 ans, accueille un pauvre, lui prête les habits de son père et lui prépare à dîner. Audacieuse Élisabeth, qui, du début à la fin de sa vie, demeure attentive aux besoins de son époque et y répond avec enthousiasme et confiance.

Cette audace n’est-elle pas encore d’actualité aujourd’hui? Devant les changements dans les habitudes de vie, devant les enjeux  majeurs sur lesquels le monde actuel doit se pencher, devant les défis urgents que la société, la famille et l’Église doivent relever, elle peut nous inspirer car il arrive que des choix audacieux s’imposent. Les gestes que cette femme a posés dans le plus grand dénuement et avec des moyens de fortune devraient nous servir de leçon ou, à tout le moins, nous fournir une raison de l’admirer.

Une femme d’Église
Toute la vie d’Élisabeth fut une écoute et une réponse : écoute et réponse à l’appel de Dieu d’abord, puis à celles de l’Église et enfin à celles des enfants et de la jeunesse délaissée. Élisabeth disait souvent : «Merci, mon Dieu de m’avoir fait enfant de votre Église». Pour elle, l’Église c’était le Christ et ses frères et sœurs à servir. Cet amour l’a tenue dans une disponibilité continuelle à collaborer avec les évêques et les prêtres et à répondre aux besoins de l’Église. Toujours elle encourageait ses filles à aider les prêtres des paroisses de mille et une façons.

Portons-nous cette préoccupation constante d’actualiser notre engagement de baptisés, de filles et de fils de Dieu? Quelle est ma façon personnelle de collaborer avec les organisations paroissiales? Est-ce que je soutiens les pasteurs et les animateurs de pastorale? Est-ce que je pense à les porter dans la prière? Est-ce que je témoigne de ma foi?

Une femme passionnée
La passion d’Élisabeth se résumait en peu de mots : Faire connaître Jésus. Comme on l’a dit, elle n’était pas instruite mais cette carence, ce manque, ne l’ont jamais empêchée d’être éducatrice. Éducatrice dans l’âme, comme on dit! Elle parlait des choses de Dieu avec facilité et profondeur.

Dès son jeune âge, Élisabeth manifeste un grand désir : apporter Jésus au monde. Au retour de l’église paroissiale où elle vient de communier à Jésus pour la première fois, elle s’empresse d’embrasser sa petite sœur et lui dit à l’oreille : «Je t’apporte Jésus». Rappelons-nous son projet aux États-Unis… Élisabeth ne fera que cela durant toute sa vie : Apporter Jésus à tous ceux et celles qui l’approchent.

Quand ses filles partaient pour aller en paroisse, elle leur disait : «Ayez bien soin de ces petits, de tous ces jeunes qui se présentent dans vos classes. Préparez bien vos leçons de catéchisme afin de former des personnes de foi».

Une femme en étroite relation avec Dieu
Élisabeth a conservé toute sa vie la simplicité d’une enfant et cette vertu vient teinter toute sa relation avec Dieu, d’où ces attitudes spirituelles qui en découlent :

  • Certitude d’être profondément aimée de Dieu.
  • Confiance inébranlable en sa divine Providence.
  • Abandon total entre ses mains.
  • Émerveillement et action de grâce.
  • Sa nourriture : la Parole de Dieu, surtout les évangiles.
  • Sa source : l’Eucharistie et l’adoration.
  • Ses amis du ciel : saint Joseph et la Vierge Marie.

Élisabeth avait aussi le culte du moment présent. C’était pour elle le lieu où s’exprimait la volonté de Dieu manifestée dans les événements et les personnes. Sa vie fut un don complet d’elle-même dans les petits oui de la vie quotidienne. Son point de référence c’était Dieu, le Bon Dieu comme elle aimait l’appeler.

Dans n’importe quelle situation, après avoir fait tout ce qui était en son pouvoir, elle disait:  «Le Bon Dieu va tout arranger cela». À tous ceux et celles qui se confiaient à elle, elle ajoutait:  «Maintenant, je parlerai de vous au Bon Dieu et si vous avez confiance, vous verrez que tout ira mieux».
Élisabeth ne sépare jamais l’amour de Dieu de celui du prochain. Dans ses relations avec les autres, Élisabeth ne rayonne que bonté, bienveillance, douceur et compassion. Son sourire nous la rend d’emblée charmante et nous révèle toujours et encore que Dieu est tout proche de chacun et de chacune de nous.

Son message aujourd’hui
            En faveur des jeunes
«Aimez beaucoup les jeunes. Prêtez-leur une oreille attentive, un cœur ouvert capable de compréhension en regard de ce qu’ils vivent».

            Aux parents croyants
À tous les parents impliqués dans l’éducation de la foi de leurs enfants, elle dit : « Bravo! Continuez. C’est le plus bel héritage que vous pouvez leur laisser ».

            Aux grands-parents
Aux grands-parents, elle laisse cette consigne : «Aimez beaucoup vos petits-enfants. Prenez-en soin.  N’ayez pas peur de leur parler de Jésus.» Votre rôle est très important et aujourd’hui plus que jamais. Forts de votre expérience de vie, vous pouvez les encourager, les soutenir, leur suggérer des pistes pour grandir moralement et spirituellement. Vous pouvez leur aider à donner un sens à ce qu’ils vivent. Leur apprendre à offrir à Dieu des situations, des événements importants de leur vie familiale ou scolaire.

            À nous tous
Elle dit:  «Gardez courage, nous avons une espérance et cette espérance a un nom : Jésus Christ».

Son questionnement pour ma vie de foi
La vie d’Élisabeth nous amène à nous poser quelques questions. Je vous en propose deux :

  • Quelle est la place que je donne à Dieu dans ma vie?
  • Quelle facette du visage de Jésus je révèle, je reflète?
  • Quelle attitude évangélique j’apporte au monde?

Sœur Thérèse Chauvin, sjsh

 


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