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Qui est Élisabeth Bergeron?

1851 – 1936

Historique
Élisabeth Bergeron est née à La Présentation, un village de la région de Saint-Hyacinthe, le 25 mai 1851. Elle était la 4e d’une famille de 11 enfants. En 1865 une crise économique force la famille à immigrer aux États-Unis. Élisabeth travail à l’usine de filature de coton. Elle se fait beaucoup d’amis parmi les jeunes et se rend compte qu’ils sont complètement ignorants de leur religion. Elle supplie son père de lui consentir une pièce de la maison familiale pour rassembler ces jeunes et leur enseigner le catéchisme. Le père hésite mais devant la détermination de sa fille, il finit par consentir.

Enseignement
Nous pouvons déjà déceler chez Élisabeth le charisme d’éducation de la foi qui l’habitait ainsi que son amour des jeunes et surtout sa passion : faire connaître Jésus. Dès le début de son enseignement, un bel enthousiasme l’anime. Mais tout à coup, un doute s’infiltre en son âme. Sans l’exprimer ouvertement, c’est comme si elle se questionnait en ces termes« Ai-je le droit d’accomplir un tel ministère? » Son sens de l’Église la pousse à consulter un curé francophone. Ce dernier, loin de la blâmer, la félicite pour son initiative. Il va même lui offrir de faire passer un examen à ses élèves. Trois semaines plus tard, le bon curé constate que les jeunes sont prêts à recevoir Jésus. Il invite Élisabeth à les accompagner pour le grand jour de leur première communion. Élisabeth a, non seulement reçu la confirmation de sa mission mais aussi sa récompense car ce fut pour elle une grande consolation que d’assister à cette belle cérémonie liturgique où les jeunes qu’elle a instruits et catéchisés ont été trouvés aptes à faire leur première communion.

La première communion d’Élisabeth
Revenons à son enfance et à sa jeunesse : Élisabeth n’a que 8 ans lorsqu’elle apprend que son frère Octave âgé de 10 ans, se prépare à marcher au catéchisme en vue de sa première communion. Elle nourrit le désir de se joindre à lui. Elle profite d’un moment où elle est seule avec sa mère, pour lui demander la permission d’accompagner son frère. Sa mère lui rappelle qu’elle n’a que 8 ans et que l’Église exige que les enfants soient âgés entre 10 et 12 ans. Mais elle ajoute qu’elle en parlera à son père. La réponse du père est plus catégorique : il ne s’agit pas mettre le curé dans l’embarras. Élisabeth est déçue.

Une page de l’évangile lui revient à la mémoire, celle de l’épisode où Jésus se rend au Temple à l’insu de ses parents. Elle décide d’en faire autant. Un bon lundi matin, elle quitte la maison discrètement. Après quelques heures de marche un voiture la rejoint et le conducteur l’invite à prendre place à ses côtés. Élisabeth accepte et demande à son bon samaritain de la conduite chez son oncle. Ce dernier est surpris de sa visite à une heure si matinale. Élisabeth formule aussitôt sa demande. «Je veux suivre le catéchisme et faire ma première communion. Voulez-vous me garder toute la semaine, je retournerai vendredi.» L’oncle n’a pas d’objection mais exige que les parents soient d’abord informés. Il faut comprendre que la petite fille craignait un autre refus. Mais devant son insistance la permission lui est accordée.

Le bon curé observe sa jeune élève, la questionne fréquemment. Son attitude attentive l’édifie et le sérieux de ses réponses l’étonne. Le dimanche suivant, le curé rencontre le père et lui dit: «Je crois que ce serait aller contre les desseins de Dieu que d’empêcher Élisabeth de faire sa première communion». Élisabeth a gagné, ou plutôt, Dieu a gagne! Jésus descendra avec joie dans le cœur de cet enfant privilégié. Une fois la cérémonie terminée, elle retourne à la maison. Elle s’empresse alors d’aller embrasser sa petite sœur en lui disant : « Je t’apporte Jésus!

Son amour des pauvres
Un jour qu’Élisabeth se trouve seule à la maison, un quêteux se présente à la porte. Sans hésitation, elle l’accueille, lui prépare à dîner. Elle remarque que les vêtements du pauvre sont très sales. Une idée lui passe par la tête : elle ose lui prêter les habits de son père. Pendant qu’elle lave les habits souillés avec l’intention de lui remettre, voilà que sa mère revient du village. Quelle surprise! Alors le pauvre homme se tourne vers madame Bergeron et lui dit en guise de salutation : « Vous avez une excellente enfant. Le Seigneur a sûrement des vues sur elle ». Il ne pensait pas si bien dire. Cet amour des pauvres, Élisabeth le concrétisera tout au long de sa vie.

Sa vocation
Quand Dieu veut quelqu’un quelque part, il conduit cette personne par des chemins mystérieux et même parfois tortueux. Ce fut le cas pour la vocation d’Élisabeth. Six fois cette dernière a frappé à la porte de communautés religieuses. Six fois, on lui a dit «non!».

- Première tentative : Les sœurs de la Charité, (sœurs Grises) de Saint-Hyacinthe
-  Puis chez les religieuses Adoratrices du Précieux Sang, communauté contemplative : «Votre place n’est pas ici. Dieu l’a marquée ailleurs».
-  Chez les sœurs de la Miséricorde. Devant ce troisième refus, Élisabeth est déroutée. C’est alors que son père s’impatiente: «C’est assez, c’est clair, ta place est au milieu de monde, Élisabeth!»
-  Après consultation, elle tente cependant un autre essai chez les sœurs de La Présentation de Marie. La réponse est brève: «Vous n’avez pas assez d’instruction.»
-  Sœur Élisabeth se questionne sur la possibilité d’ériger une communauté religieuse contemplative dominicaine. Le père dominicain qui la reçoit est intéressé mais il exige d’elle une rencontre avec l’évêque, Mgr Louis Zéphirin Moreau. Ce dernier refuse ce projet catégoriquement. Il y a déjà une communauté contemplative dans le diocèse.

Élisabeth, sans être têtue, a cependant beaucoup de volonté. Sur le conseil de son directeur, qui l’assure que le Seigneur a sûrement des desseins particuliers sur elle, elle demande une autre entrevue avec son évêque. Si l’accueil est plutôt froid, Mgr Moreau prend cependant le temps de l’écouter paternellement. Devant tant d’insistance de la part de cette jeune fille il se demande si elle n’est pas habitée d’une manière privilégiée par l’Esprit Saint. L’entrevue se termine par cette phrase : « Continuez de prier. » Confiante et sereine, Élisabeth suit le conseil de son évêque. Après quelques jours, elle est invitée par Mgr Moreau lui-même à venir le rencontrer. Un dialogue s’amorce:
- À quoi avez-vous songé depuis notre dernier entretien?
- À prier et à m’abandonner au Seigneur.
- Élisabeth, je veux me servir de vous, non pas pour fonder une communauté contemplative mais une communauté de religieuses enseignantes. Êtes-vous prête?
Abasourdie par cette demande, elle se demande si elle n’est pas en train de rêver. Ce même homme qui a repoussé sa demande il y a peu de temps, lui demande de fonder une communauté enseignante? Élisabeth ne manque pas de le lui rappeler.
- Je sais à peine lire et je ne sais pas écrire!
Aucunement décontenancé par sa visiteuse il lui répond :
- Le Seigneur a fondé son Église avec des ignorants et voyez comment elle se répand dans le monde entier. Plus l’instrument est faible, plus grande est la gloire qu’il en retire. Réfléchissez et revenez me donner votre réponse.
Après huit jours de réflexion, Élisabeth retourne chez son évêque pour lui donner une réponse affirmative en ces termes :
- Si vous pensez que je puisse répondre à votre projet malgré mon ignorance et mes inaptitudes, je suis à votre disposition.
- Je vous accepte lui répond l’évêque. C’est le Bon Dieu qui vous choisit, il vous donnera au jour le jour ce dont vous aurez besoin. Vous aurez à souffrir beaucoup mais n’ayez aucune crainte, le Bon Dieu sera toujours avec vous si vous vous exercez à l’humilité et si vous vous confiez à sa divine Providence.

La fondation
Le 12 septembre 1877, avec trois compagnes : Malvina Blanchette, Éloïse Saint-Germain et Valérie Langevin, Élisabeth fonde la communauté des sœurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe pour assurer l’instruction et l’éducation des garçons et des filles des paroisses rurales du diocèse de Saint-Hyacinthe. Elle a 26 ans. Pleinement consciente de ses limites, elle endosse son rôle et la tâche qui lui sont assignés avec courage et avec une absolue confiance en Celui qui la fortifie selon la devise de son évêque. Comme en toute fondation, les débuts sont difficiles. Les sœurs vivent dans une extrême pauvreté. Les épreuves, les humiliations, les critiques, les moqueries, voire les calomnies ne manquent pas. Et cela, tant de la part des membres du clergé que de celle des diocésains. Élisabeth cependant ne nourrit aucune amertume. Aucune parole malveillante ne sort des ses lèvres. Elle demeure debout et confiante en Celui qui, encore une fois, la fortifie.

L’épreuve
Deux ans à peine après la fondation, soit le 12 septembre 1879, sans en avertir la fondatrice, Mgr Moreau désigne une nouvelle supérieure pour diriger la communauté: sœur du Précieux-Sang (Henriette Dessaules). Cette personne sera plus apte, selon lui, à répondre aux exigences des commissions scolaires. Élisabeth accepte sa déposition et réajuste sa volonté à celle du Seigneur. Et cela en toute humilité. Sans drame, elle continue de collaborer étroitement avec les évêques et l’autorité de la communauté. Elle devient donc assistante générale et y demeurera 46 ans. Elle rempli son rôle avec prudence et sagesse. Dans les décisions importantes, elle est toujours consultée. Elle est vraiment la véritable Conseillère. Elle demeure attentive à la croissance et à la bonne marche de l’Institut. Elle en sera l’âme et cela jusqu’à la fin.

Son rôle auprès des religieuses
Discrète animatrice auprès des sœurs, elle accueille les confidences, console et encourage. Elle veille sur la santé de chacune, comble de soins maternels celles qui sont malades et se constitue infirmière en temps d’épidémie. Sereine e accueillante, Élisabeth attire les cœurs. Sa foi confiante en la bonté de Dieu, sa charité rayonnante conquièrent les personnes qui l’approchent. Jeunes et moins jeunes de toutes les classes de la société viennent lui exposer leurs problèmes : problèmes familiaux, ecclésiaux, sociaux. Toutes ces confidences deviennent l’objet de ses prières.
Toute sa vie sera une écoute et une réponse aux appels de Dieu, de l’Église et de la jeunesse.

La fin
Élisabeth meurt le 29 avril 1936 à l’âge de 84 ans et 11 mois. Ses restes mortels reposent aujourd’hui dans un tombeau avoisinant la chapelle de la Maison mère. Son tombeau est visité par de nombreuses personnes et des faveurs sont obtenues. Sa vénérabilité a été reconnue par l’Église le 12 janvier 1996.

Thérèse Chauvin, sjsh


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